Partir seule en trek au Laddak, une bonne idée ?
septembre 11th, 2015
Un mois à passer en Inde, j’avais sélectionné au bout de quelques jours les régions à visiter : Le Rajasthan, le Laddak et le Nord est
Une des étapes qui m’a marqué sont mes 15 jours passés au Laddak, région ayant fait sa renommée grâce à ses nombreux treks.
Je m’étais renseignée avant de partir sur les possibilités de treks. C’est celui de la Marka Valley, un des plus connus, que j’avais l’intention de faire. La plupart du temps, les marcheurs prennent des guides. Leur prix : environ 300$ pour 8 jours. Comme je n’avais pas ce budget, j’avais demandé à un guide si je pouvais le faire seule. “Bien entendu Maud, c’est l’autoroute des trekeurs !”, m’avait-il assuré.
Sac à dos prêt, fruits secs, k-way et bonnet achetés, j’étais sur le point de partir 8 jours à l’aventure et à passer des hauts cols à plus de 4900 mètres d’altitude. Même pas peur !
Le premier jour, un peu nuageux, je commence de Spituk d’une maison dans laquelle j’avais dormi la veille pour être sûre de commencer de bonne heure. Le chemin est facile, j’arrive à Jingchang au bout de 2h de marche. Je dormirais donc à Rumbak ce soir à 3h de marche. Tout se passe bien, j’arrive sur les coups de 13h, déjeune et essaye de trouver un endroit où loger. Un seul mot en bouche “Home Stay” et j’arrive à me faire comprendre car il est difficile de communiquer. Une petite dame bossue m’accueille et me montre ma chambre. Elle me montre où se trouve la douche une petite cabane avec un seau. Mais tenez nous bien, la douche est chaude ! C’est d’ailleurs une des douches les plus chaudes que j’ai prise depuis le début de mon voyage. Comment est ce possible ? Ils ont un panneau solaire qui leur fourni de l’eau chaude naturellement. Le pied !
Je goûte à la cuisine locale, ne sais pas ce que je mange mais en tout cas c’est bon. Je passe ma première nuit en montagne bercée par les “plics placs” dans ma chambre amenés par la tempête.
Levée de bonne heure le lendemain, je dois passer un col donc il ne faut pas que je traine. Déterminée, je commence mon ascension. Je croise des cours d’eau, j’essaye d’éviter d’avoir les pieds mouillés, pas évident étant donné le nombre de cours qu’il faut traverser. Et chaque fois le même rituel, un, deux, trois et je saute. Mais au bout de 5 ou 6 traversés, j’ai arrêté de compter après 6, je n’essaye plus de sauter car c’est impossible ! Mais je ne suis pas en sucre : c’est quand même froid et j’ai de l’eau jusqu’à genoux. Essorage de pantalon, de chaussettes et même de semelles.
Je continue jusqu’à la prochaine “ville” et arrive vers 9h, j’ai déjà marché 2h. Je devrai arriver pour 13h de l’autre côté du col. Je marche, c’est assez dur car il y a essentiellement des pierres, ce n’est pas très stable.
Deux heures plus tard je suis toute seule sur ce chemin qui me semble interminable. C’est alors que je croise un “horsemen”. Un local qui s’occupe des chevaux lorsque les trekeurs passent par des guides pour porter les vivres. Je l’interroge sur le chemin, il me dit que le col se trouve derrière la montagne à laquelle nous faisons face.
On me dit c’est derrière la montagne, parfait ! Je vais passer par dessus et prendre un raccourci… Qui n’existait pas ! Après avoir marché une heure toujours rien. Pour éviter de devoir dormir dans le froid, retour dans le premier village. Je peste contre moi, je me trouve nulle de ne pas avoir réussi à trouver le chemin. Surtout quand on vous a affirmé quelques jours plutôt qu’il était impossible de se perdre. Je rencontre un groupe de marcheurs et leur raconte mes déboires. Eux pas de problème, ils ont un guide. Demain je partirai donc avec Gregoire, un français parti seul à la rencontre des indiens, Nadav et Tomer, deux israéliens qui se sont pris des vacances avant leur service militaire obligatoire et Ann-Frederic et Alain, deux Québécois en vacances entre père et fille.
Je m’aperçois donc le lendemain du chemin que j’ai parcouru, je n’étais pas du tout au bon endroit mais pas du tout. Nous gravissons donc ce col à plus de 4900 m d’altitude, un petit Mont Blanc, rien que ça ! Que c’est beau, on arrive même à voir d’autres chaînes de montagnes bien plus hautes. A peine l’ascension faite, nous redescendons, il ne fait pas si chaud !
Nous découvrons encore un autre paysage, à la fois vert et rocailleux. Entre deux montagnes, nous faisons une halte dans une “tea tent” à Shingo. Un petit endroit comme un restaurant qu’il y a à la sortie de chaque village pour que les trekeurs se reposent. Un repas vite avalé, nous devons déjà partir car il y a des cours d’eau à traverser et plus nous attendons, plus l’eau des glaciers fond. C’est du sérieux !
Nous marchons quelques heures pour rejoindre Shyu, perdu dans un décor surnaturel digne d’un Star Wars. Accueillis comme les jours précédents dans des guest houses, on nous offre le thé et des biscuits. On se sent comme à la maison. Nous passons le reste de la soirée à chanter car Nadav voyage avec sa guitare, l’ambiance est bonne. Nous nous couchons exténués de notre journée. Demain ce sera plus tranquille.
Au final, je suis le petit groupe que j’avais rencontré il y a deux jours car de nombreux guides m’ont déconseillé de continuer le trek car des ponts se sont effondrés et les cours sont deux voire trois fois plus grands que ceux que nous avons traversés. Retour à Leh pour moi. Une petite marche pour arriver jusqu’à la tyrolienne qui permet de traverser la rivière du Zanskar. Je ne suis pas du tout en confiance mais pas le choix. Je regarde comme les autres font et me lance…
Ça y est c’est la fin de mon trek, je suis à Chiling. Il faut juste que je trouve un moyen de rentrer. Je regarde quelle sont les voitures qui font des allers et retours entre cette vile et Leh. J’arrive à grimper dans un pick up. Encore une autre expérience de revenir en voiture, les chemins sont très étroits et ne laissent que très peu de place pour deux voitures. Je croise les doigts et serre les fesses à chaque virage.
Arrivée à Leh, je vais me reposer pour quelques jours avant de quitter cette belle région qu’est le Laddak. Treker seule est une expérience que je referai volontiers, sans me perdre cette fois ci.
Ce que j’ai retenu de mon trek dans la Marka Valley :
– Il faut bien se renseigner avant de partir en trek seul(e) pour éviter de se perdre
– Le laddak est une région de l’Inde absolument magnifique tant part les habitants que les paysages
– Partir en trek seul est une superbe expérience pour se retrouver avec soi-meme.
Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur le Laddak et la Marka Valley n’hésitez pas à m’envoyer un e-mail à Worldwildrunneuze@gmail.com.