Le jour où j’ai appris à courir un marathon à 3500 m d’altitude

août 17th, 2015

Arrivée 3 jours avant mon marathon, j’atterrissais à l’aéroport de Leh dans cette belle région qu’est le Laddak au nord de l’Inde près du Pakistan et de la Chine. Pourquoi 3 jours ? C’est une des règles que je m’impose dans mon voyage de deux ans : arriver en avance afin de repérer les lieux, m’habituer au climat et me reposer avant chaque grande épreuve. Dans le cas de ma participation au marathon du Laddak, cette règle était primordiale. J’allais courir à plus de 3500 m d’altitude, expérience que je n’avais jamais vécue. Heureusement, j’avais deux semaines auparavant interviewé des femmes Indiennes qui m’avaient prodigué leurs meilleurs conseils. « Bois de l’eau salée afin de ne pas de te désydrather », m’avait notamment indiqué Parul, coureuse du marathon du Laddak il y a quelques années. Ne le connaissant pas, j’avais suivi avec soin ses autres conseils.

J’allais retirer mon dossard deux jours avant la course. Je n’en revenais toujours pas, j’allais courir à dans une des plus hautes chaînes de montagne au monde et nous allions être seulement 10 personnes à relever ce défi. Un grand changement pour moi qui avait l’habitude de courir entourée ou bien soutenue par d’autres personnes. Il fallait que je me concentre, que je fasse attention à ma respiration et tout se passerait bien. La respiration est la chose à laquelle il faut faire attention dans cet environnement car si vous ne le saviez pas, comme moi avant d’arriver dans le Laddak, vous manquez clairement d’oxygène !
La veille de la compétition, j’étais bien décidé à être en forme pour une des plus grandes épreuves de course à pied de ma vie. N’étant pas sur d’avoir un petit déjeuner dans l’auberge dans laquelle je dormais, j’avais fait le plein de nourriture énergétique : beurre de cacahouètes, des amandes, des bananes et des bonbons. Je ne suis pas très fan de beurre de cacahouètes mais que d’énergie dans ce produit ! Des amandes et les bonbons, ça c’est durant la course.
J’ai appris au fur à mesure des marathons (j’en suis à mon troisième) que j’avais besoin de différents types de nourriture pendant la durée de la course. Pendant les 20 premiers kilomètres, il faut boire, je boire mais pas nécessairement manger, si vous avez pris un bon petit déjeuner. C’est après avoir franchi la moitié du parcours (21,1km) qu’il faut prendre des aliments riches en énergie qui vous serviront pour les 21,1 prochains kilomètres. Les amendes en font partie mais vous pouvez prendre des noix, des fruits secs ou des barres céréales. Cela dépend ce qui est accessible dans le pays où se déroule la course.
Depuis le début de mon voyage, j’ai pu très rarement trouver des barres céréales, alors les noix et les fruits secs en tout genre sont devenus mes meilleurs alliés. Deuxième chose que j’ai apprise, c’est qu’après le 35e kilomètre, on sent une baisse de régime car quasiment toute nos ressources sont épuisées, c’est là qu’intervient le sucre rapide pour avoir un « coup de boost ». Les sachets de sucre en poudre sont disponibles dans tous les pays du monde ça c’est l’avantage. C’est ce que je prends généralement mais quand je peux trouver des bonbons, c’est toujours plus agréable. C’est un peu comme une mini récompense avant la dernière ligne droite !

IMG_0326Nous sommes donc le jour J, il fait un peu nuageux et frais, c’est parfait, la course sera moins difficile que si le ciel avait était dégagé. Je fais la connaissance des femmes que je pourrais interviewer à la fin de la compétition ainsi que des 9 autres marathoniens/niennes qui se présente sur la ligne de départ.
Le départ est lancé, je commence ma course avec Vipin, un Indien rencontré dans le bus plus tôt qui avait prévu de courir le semi-marathon. Très bien, nous resterons ensemble pendant au moins une heure soit 10 km et il rebroussera chemin. Cette course est en fait un aller retour, si vous avez prévu de faire 10 km, vous rebrousser chemin au bout de 5km, si c’est 21 c’est 10 et vous imaginez au bout de combien de temps on fait demi-tour pour un marathon ! Nous échangeons sur nos vies même si c’est difficile, le souffle est plus dur et la fatigue se fait ressentir plus tôt. Nous nous séparons au bout de 7,5 kilomètres soit le 3e ravitaillement.
Cette course, très bien organisée, proposait des pauses tous les 2,5 kilomètres. Je continue ma course et arrivée au 10km, j’expérimente l’envie tant redoutée de tout coureur : aller aux toilettes. Bien que les ravitaillements soient là, à vous de trouver un buisson (quand on est une femme bien entendu, c’est différent pour les hommes) en plein milieu des champs et des montagnes.
Me voilà repartie pour atteindre le semi-marathon, je recroise en route Hariz, un homme d’environ une 60aine d’années. Je suis impressionnée par sa détermination, nous discutons vers le 18km arrivés à un ravitaillement. A ce moment là, nous croisons le premier coureur de la course, il passe le 24e kilomètre. Allez on ne se décourage pas !
Je poursuis ma course mais pour arriver au 21e kilomètre, il y a des montées, je ralentis mon allure et je me mets à marcher. Moi qui m’étais promis de ne pas le faire, c’est très difficile car ce ne sont pas les jambes qui me font souffrir mais bien le manque d’air. Ce qui est parfait, c’est que je suis face aux montagnes, j’en ai presque les larmes aux yeux, je peux courir ici, c’est incroyable ! Le soufflle est autant coupé par la vue que par la rareté de l’oxygène. Malgré cela je continue en alternant course, trottinement et marche. Je commence à voir la fin de la course, plus que 10 km! A partir de ce moment, une bataille mentale se fait avec moi même. Je suis seule et j’ai cette petite voix au fond de moi qui me dit : mais arrête Maud pourquoi tu te fais ça ! Puis j’essaye de ne pas l’écouter, je me concentre sur ce que j’ai déjà accompli, l’endroit où je me trouve, la musique que j’ai mise pour me motiver. Tout va bien se passer ! C’est à ce moment que j’ai vraiment compris ce que voulais dire se battre avec soi-même car quand vous êtes à plusieurs à courir, l’élan de l’autre vous pousse. Mais là c’était moi et moi seule. Arrivée au dernier ravitaillement, je prends le soin de faire un stop et de boire quelques gorgées d’eau. C’est décidé, quoi qu’il arrive, je ne marcherais pas les 2,2 derniers kilomètres. Question de fierté de franchir la ligne d’arrivée en courant !
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Je fini donc en 5h21 ces 42,2 magnifiques kilomètres. Je félicite les autres coureurs et je suis déjà triste que ce soit fini. Mais quelle expérience hors du commun si vous souhaitez en apprendre plus sur vous même.

Si jamais vous êtes intéressé à participer à cette course, elle a lieu mi juillet, vous pouvez aussi courir 5km, 10Km, 21,1km. Rendez vous sur le site de ZENdurance et si jamais vous voulez plus d’information n’hésitez pas à m’envoyer un mail à worldwildrunneuze@gmail.com.

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