Être une machine ou ne pas l’être, telle est la question !

octobre 14th, 2015

J’avais sélectionné le Vietnam Mountain Marathon depuis longtemps mais je ne m’étais pas encore inscrite. J’attendais la validation de l’organisation de la course pour m’y inscrire. Et pour être honnête, j’hésitais avec le semi-marathon. Il faut dire que le dénivelé me faisais un peu peur. 1000 mètres pour 21km et 2000 mètres pour le 42km. Ce n’est que le lendemain du marathon d’Angkor, au Cambodge, que j’avais décidé de m’y inscrire. Pourquoi ce moment exact ? Quand vous venez d’accomplir un marathon, vous avez en vous une bonne dose d’adrénaline et vous vous sentez pousser des ailes ! Je ne sais pas ce qui m’attendait mais en tout cas dans 1 mois et demi, je courrais au Vietnam dans la région de Sapa.

Avant la course j’avais comme objectif : d’arriver à Hanoi entre le 21 et 23 pour aller chercher mon dossard. Ce fut chose faite, sauf que le 23 à 18h, je ne l’avais toujours pas récupéré… Oups ! Deux trois coups de téléphone plus tard, j’avais rendez vous dans la soirée pour rattraper mon oubli. C’était moins une !

Mais revenons à la course et à la veille de cette grande épreuve. Pour me rendre à Sapa dans le Nord Ouest du Vietnam, j’avais pris un bus de nuit me faisant arriver le jour même de la course… Autant vous dire qu’il ne fallait pas qu’il arrive en retard ou bien que je le rate.

Tout s’est bien passé jusqu’au moment où arrivés à Sapa à 5h du matin, le chauffeur m’indique que personne ne descendrait jusqu’à 6h, horaire auquel nous nous rendrons à la station de bus. Je n’avais pas le temps ! Je reveille le bus entier afin de pouvoir sortir. Je saute dans sur un taxi-moto pour qu’il me dépose dans l’hotel que j’avais réservé. J’arrive, explique ma situation au réceptionniste, prend une douche en moins de cinq minutes pendant que mon petit déjeuner se prépare. Je fais mon sac, comme à mon habitude, un rituel de préparation autant mental que physique. J’avale deux oeufs, des bananes, et c’est parti ! Je rejoins l’hôtel où l’organisation nous avait demandé de nous présenter. Je reconnais l’endroit facilement, il y a plein de fous comme moi. Je dis fous car il pleut et que tout le monde garde le sourire.

Le bus démarre, je me retrouve à l’avant avec le chauffeur, nous sympathisons le temps du trajet qui est vite arrêté à cause d’un pneu crevé. Nous continuerons jusqu’au point de départ à pied, c’est un petit échauffement avant la course. Chouette !IMG_14055,4,3,2,1, le départ est lancé, je rencontre au passage 3 réunionnais qui sont venus courir cette course, ce sont des habitués, il connaissent bien “la diagonale des fous“. Une course d 160 km qui fait le tour de l’île de la réunion. Ils me donnent un petit rythme, c’est top ! Il pleut assez fort et les écarts se creusent entre les gens qui marchent et ceux qui courent dans les descentes. J’essaye d’aller à mon rythme mais ayant pris des batons, j’ai plus de stabilité et j’avance plus vite que prévu.
Je commence à me retrouver seule plus personne devant ni derrière, juste le paysage rempli de rizières, de petites maisons en haut des montagnes, que c’est beau ! Ha si, j’aperçois une femme non loin. A ce moment, je ne sais pas depuis combien de temps je cours, ni combien de kilomètres j’ai parcouru. Ce que je sais c’est que j’ai expérimenté des descentes comme je n’ai jamais vu, la plupart du temps sur les fesses car c’est extrêmement glissant et pentu. Finalement, je regarde ma montre et je n’ai que parcouru que 7,5 km… Mais non ! Très déprimant. Du coup, je me promets de ne plus regarder avant longtemps sinon je n’aurais plus la foi d’avancer.
IMG_1993

Je croise cette femme, puis un autre homme. Nous nous parlons brièvement au ravitaillement et j’apprends que nous avons fait 14 km. C’est déjà pas mal. Nous continuons, ça descend, ça monte et je croise plus ou moins les mêmes personnes tout le long de mon parcours. Florence, une professeure de Français au lycée Français de Shanghai, Sy, un Malaisien et Sam, un entraineur sportif Singapourien. J’ai le temps de discuter pendant les ravitaillement qui se trouvent tous les 10kms. Entre ces arrêts, je me concentre sur mon effort car il demande beaucoup de mental surtout dans les montées. En plus depuis le 10e kilomètre, mon genou me fais mal… Ouch! Je ne sais pas comment je vais faire mais il faut continuer, je n’ai pas le choix. Je croise également Than, un coureur qui m’a fait rencontré des coureuses vietnamiennes, il y a une semaine. Nous avons le même rythme, dingue !

C’est vers le 24e kilomètre que je commence à former une équipe avec Sam, nous nous attendons et nous nous assurons que chacun d’entre nous n’ait pas mal quelque part. C’est fou comment la course créé des liens. A chaque fois j’en suis impressionnée !

Nous continuons puis nous arrêtons avant la dernier grosse ascension, nous sommes au trentième kilomètre. Je sais que ces douze derniers vont être durs, comme ils le sont à chaque fois, sauf que pour cette course nous finissions avec de l’escalade quasiment. Encore une fois, j’ai cette voix qui dit que ce n’est que dans la tête la douleur même si à ce moment précis, je l’ai ressentie physiquement.

IMG_1953Nous arrivons à quatre kilomètres de la fin, et j’ai à ce moment quelques larmes qui coulent le long de mon visage, je suis fatiguée, cela fait huit heures et vingt minutes déjà que je cours, j’ai mal partout… Ultime solution pour me motiver : la musique ! Je ne réfléchi plus, je suis une machine, j’ai mis sur off mon cerveau et je vais finir cette course. Je la fini avec Sam en courant, main dans la main. Une vraie team ! C’est donc en 8 heures et 49 minutes que je fini la plus éprouvante des courses que j’ai pu courir. J’en suit fière et je peux dire que j’ai survécu au Vietnam Mountain Marathon.

Si jamais vous êtes intéressé à participer à cette course, elle a lieu début fin septembre, vous pouvez aussi courir 10Km ou 21,1km ou bien 70km. Rendez vous sur le site de Vietnam Mountain Marathon et si jamais vous voulez plus d’information n’hésitez pas à m’envoyer un mail à worldwildrunneuze@gmail.com.

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3 Comments

  • fibre.running

    Oct th, 2015 7:27 Reply

    Sacré perf & challenge
    Félicitation
    worldwildrunneuze.com

  • Lou

    Nov th, 2015 8:39 Reply

    Très belle performance, bravo ! La volonté de se dépasser peut ouvrir tellement de belles portes 🙂

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