10 heures pour conquérir la muraille de Chine!
mai 28th, 2016
Depuis mon départ, j’ai en tête un rêve que j’allais pouvoir réaliser : courir sur la muraille de Chine ! Pourquoi ? C’est une bonne question, je ne sais pas vraiment… mais cet édifice a toujours été pour moi quelque chose de mythique, voir magique. Le siècle qu’il a fallu pour sa construction, son utilité et les histoires entendues depuis des années n’ont fait qu’aiguisé ma curiosité.
C’est donc après 16 mois de voyage que j’ai pu faire face à cette muraille, un challenge qui me faisait assez peur, je dois vous l’avouer… Il faut courir 42,2km avec 3000 mètres de dénivelé, le tout à 1000 mètres d’altitude. Une pression supplémentaire, une barrière horaire avait été placée à 9h à 5 km de la fin. Pour moi cela semblait difficile car j’avais couru 8h49 au Vietnam un marathon avec 2000 mètres de dénivelé. Dur, dur ! Je vous avoue en plus que depuis mon histoire de barrière horaire dépassée en Australie, cela me stressait beaucoup, beaucoup. Pas d’échec possible !
Pour cette course en tout cas, j’avais un avantage : courir avec un pote coureur, et un sacré coureur. Quentin court en 3h15 un marathon (si mes souvenirs sont bons..). J’étais sûre de ne pas échouer avec lui ! Arrivés quasiment en même temps à Beijing, nous avions au programme de visiter cette ville jusqu’alors inconnue. Le lendemain, nous allions récupérer nos dossards. Dans une grande chambre d’hôtel, animée par les discussions entre les organisateurs et les participants. Un peu perdus dans tous ce brouhaha, nous arrivons finalement à obtenir nos “passeports” pour cette épreuve hors du commun.
Avant de nous attaquer à ce marathon, nous visitons la cité interdite, la Place Tian’anmen, dégustons les produits locaux tels que les dumplings (une sorte de ravioli vapeur rempli de légumes, viande, poisson…) et la bière locale. Note pour les pros de la course ou pas d’ailleurs, évitez de boire avant un marathon… mais une petite bière n’a jamais fait de mal ! La veille de la course, place à la détente autour de la piscine et la fameuse “pasta party” dans un restaurant type occidental. Si vous aviez vu notre commande, cela s’apparentait à un jeu de mime digne d’un time’s up (pour les plus connaisseurs). Puis organisation finale de nos propres ravitos : à boire, à manger. Nous serons prêts !
Le réveil sonne à 2h, bien que la perspective de courir sur la muraille de Chine soit motivante, il est toujours difficile d’être au taquet dès l’aube. Mais cela nous ne arrête pas, on est des « warriors”, venus de France pour conquérir cette muraille ! Un petit déjeuner avalé en vitesse, nous avons 2 heures de trajet jusqu’au départ de la course. Une opportunité pour moi de dormir, le stress monte mais je ne suis pas seule, je peux partager mes impressions avec mon acolyte de course !
In extremis je récupère mes bâtons pour le début de la course (oubliés dans le bus, bien entendu…), et c’est parti ! Mais que ce passe t’il? Les premiers kilomètres me semblent compliqués alors que ce n’est que le début… Oh non, ça ne va pas le faire ! Je réfléchi, je suis en altitude, donc je n’ai plus l’habitude. Quentin, est plutôt à l’aise. Je dois le suivre, je me mets à son rythme. Nous arrivons au 6eme kilomètre, nous commençons notre ascension jusqu’à la muraille : ça monte, il fallait s’y attendre !
1,5 km plus tard, nous y sommes enfin, devant cette muraille. J’ai un seul mot, d’abord : « ils déconnent ! » Vous allez me dire pourquoi ? Tout simple, je vois de part et d’autres les deux « satanées » côtes que nous allons devoir franchir dans les prochaines heures. C’est mon tempérament de râleuse qui prend le dessus pendant quelques secondes. Bien sur, je m’arrête trente secondes pour admirer le chemin qui se créé miraculeusement sur ces collines.
Un petit mot sur ce parcours, ce n’est pas un tour mais deux que nous allons devoir réaliser sur cette muraille. Trop facile sinon ! Quoi qu’il en soit, nous commençons par la partie restaurée, ce qui signifie que les escaliers seront en bon état. C’est le cas mais, les marches ne sont pas de la même taille, et à chaque côte on espère que ce soit la fin, mais non, il y en a à perte de vue, des marches et encore des marches ! Le retour pour attaquer la deuxième partie est d’autant plus compliqué car nous redescendons les marches que nous avons escaladé. Ayant, comment dire, un peu le vertige, je n’en menais pas large à certain moment. Heureusement j’ai mon coach Quentin qui me soutient et qui me rappelle que sur le plat, je dois courir… Ha oui c’est vrai !? On a vite fait d’oublier car les marches ça vous cassent les jambes et pas qu’un peu !
Nous entamons la deuxième partie de la muraille qui est plus un chemin (non restaurée) et rejoignions le village où nous pouvons nous ravitailler en nourriture et eau/boissons énergisantes . A ce moment, nous avons parcouru 15km, quoi c’est tout ! Plus qu’un aller retour et ce sera quasiment la fin. « A dans quelques heures », je m’amuse à dire aux volontaires.
De retour afin de rejoindre le point de départ, Quentin, qui devait
prendre un
avion dans la soirée, continue le chemin seul. Avec la pression d’arriver avant 14h/15h, il devait se dépêcher. Nous nous recroisons de toute façon sur le chemin. J’atteins le semi avec une nouvelle énergie. La descente au point de départ m’aide beaucoup, je suis comme une enfant, j’adore tellement les descentes, du coup je cours, je souris…
21,1 km, j’entame le deuxième tour en empruntant les 6 kilomètres de plat avant de remonter sur la muraille. Je cours, il fait chaud mais je tiens le coup. Au ravitaillement, entre une banane et une boisson énergisante, je croise un homme d’une quarantaine
d’années. Il a le même rythme que moi dans cette ascension. Je lui prle et lui demande s’il souhaite que nous courions ensemble. David a participé trois fois a un Iron Man, c’est une machine ! Je suis impressionnée ! Nous continuerons jusqu’a l’arrivée !
Le deuxième tour perd un peu de son charme car mes jambes, mes hanches, mon corps me fait signe qu’il a mal. Je ne peux pas non plus dire que je suis déçue car nous sommes dans un endroit magnifique. Ce tour est aussi rythmé par les encouragements que chacun des participants donnent aux autres, un des meilleurs ravitaillements possibles.
Quelques kilomètres avant la fin, une volontaire nous fait signe que nous devons nous arrêter… J’ai l’impression que je vais être disqualifiée a nouveau, mais non, nous sommes bien dans les temps. Bizarrement j’accélère le pas, je ne veux pas risquer cela une nouvelle fois. J’aperçois la dernière descente, je puise au fond de moi le peu d’énergie qu’il me reste, je cours, je saute, je veux finir cette course. Apres 10h et 5 minutes je franchis la ligne arrivée, ravie d’avoir fini et réalisé un de mes plus grands rêves.
Cette course a lieu mi mai, vous pouvez choisir de faire plusieurs distances : 5km, 10km, 21,1 km ou 42,2 km. Si vous souhaitez avoir plus
d’information sur cette course, rendez vous sur le site de Conquer the Wall Marathon ou n’hésitez pas à m’envoyer un mail à worldwildrunneuze@gmail.com