Marion et moi nous sommes connues pendant mon voyage pas en face à face mais via les réseaux sociaux, nous avons partagé nos experiences de voyage mais surtout de running par message et sur skype. Rentrée depuis plusieurs mois, j’ai appris qu’elle se lançait dans une aventure extraordinaire, participer non pas à un Ironman mais un double Ironman. Alors quoi de mieux que d’inaugurer mes portraits de runneuzes par cette femme hors du commun.
WWR : Peux tu te présenter en quelques minutes et nous parler de ton passé de sportive ?
Je m’appelle Marion, j’ai 28 ans. J’ai commencé ma vie de sportive par la handball que j’adorais. Puis j’ai rapidement été repéré par un entraîneur en athlétisme… Pendant plus de 12 ans j’ai foulé la piste en tartan. Puis j’ai fait mes études supérieures et j’ai découvert les ironmans. Un truc qui me paraissait juste improbable car je détestais faire du footing long à l’époque mais j’avais envie de me lancer !
En 2014, je participe et fini l’ironman de Nice. En 2015, je termine le Paris-Brest-Paris à vélo (1232km en 88h) et ce fut de loin ma plus belle et ma plus difficile expérience. Ensuite, je suis revenue au triathlon avec le Celtman (un ironman extrême en Ecosse). Je me prépare cette année pour un double ironman le 24/25 juin. Et ce n’est pas tout, je cours la diagonale des fous en octobre !
WWR : Quand as tu débuté la course a pied ? Et pourquoi ?
A Niort il y a une course très connue appelée « La coulée verte ». C’est une course où les enfants sont nombreux à courir. A l’époque on faisait des tours de la place de la brèche. Mon école m’avait inscrite pour remporter le concours du plus grand nombre d’élèves, j’étais encore à l’école primaire à cette époque. Les 20 premières filles montaient sur le podium. La 1ère année je suis arrivée 21ème. Vexée, je me suis entraînée de mon côté. L’année suivante, j’ai terminé 3ème, puis 1ère… J’ai été repérée par les entraîneurs du stade niortais athlétisme et tout a commencé comme cela.
WWR : Est ce que tu pratiques d’autres sports que la course à pied ?
J’ai commencé par le handball avant l’athlétisme. J’ai arrêté car ce n’était pas compatible avec mon mode de vie (très nomade). Aujourd’hui, je pratique le triathlon et le cyclotourisme. J’adore mon vélo, il m’emmène partout. J’aime un peu moins la nage mais je sais que cela me fait du bien.
WWR : A quel point la course à pied fait-elle partie de ta vie ?
Beaucoup de gens pensent que les sportifs sont obsédés par leur sport. Moi je crois que c’est plutôt une philosophie de vie, de bien-être. J’essaie au maximum de prendre mon vélo pour les déplacements, y compris pour le boulot. Je suis souvent en retard lorsque je prends la voiture alors que je suis à l’heure quand je prends le vélo. Cela m’oblige à anticiper, à me poser, à profiter. A vélo, je ne peux pas aller plus vite que ce que mes jambes veulent bien faire… Alors je profite du moment, sans me presser, et mon corps me dit « merci ». J’ai appris à aimer marcher aussi. Je préfère courir, car je me sens beaucoup plus en vie, j’aime être en mouvement et la course à pied me permet de méditer. Quand je vais courir, mes problèmes sont mis en attente pendant 1h, 2h …Le temps de la course. Que ce temps-là est fait pour moi, pour me ressourcer.
En fait, c’est une vraie nécessité, cela fait partie de moi, je suis faîte pour ça.
WWR : Comment la course à pied a-t-elle changé ta vie ?
J’ai toujours eu assez confiance en moi mais pourtant, il y a eu des moments difficiles dans ma vie. Je n’ai pas toujours rencontré les bonnes personnes et la course à pied m’a aidé à me dire « je suis forte, je sais faire cela ». J’ai rencontré de superbes personnes, cela m’a fait croire en l’humanité, en la bonté des gens, en l’esprit de partage.
J’ai su puiser en moi l’énergie positive, grâce à la course à pied, j’ai su retrouver confiance.
J’ai aussi trouvé beaucoup de réponses, beaucoup de paix en moi grâce aux ultra-triathlons/trails. Je crois que l’effort long permet de poser son cerveau, ses envies, ses attentes. Je crois qu’il nous révèle à nous-même, il nous montre cette lumière intérieure, il nous guide.
La course à pied m’a révélé à moi-même. Cela me rend extrêmement heureuse, tout simplement aussi !
WWR : Pour quelles raisons cours tu toujours aujourd’hui ?
Plein de bonnes raisons. La vérité c’est que cela fait partie de ma personnalité. Je suis heureuse quand je cours. Je me maintient en bonne santé physique et mentale. J’ai par la course à pied élargi mon cercle d’amis, je rencontre plein de gens. J’adore communier avec la nature, être dehors, me sentir en mouvement. Plus particulièrement la course sur route, me permet me retrouver avec des centaines de passionnés : c’est une réunion de belles énergies au même endroit au même moment.
WWR : Est ce que tu exerces un metier dans le sport/la course à pied ou c’est juste ta passion ?
Quand je disais que le sport d’aventure m’a révélé à moi-même c’est exactement cela. J’ai fait un master 2 en marketing international. Grâce à la course à pied, je me suis rendue compte que je n’étais plus à ma place dans mon métier, et que ce que je voulais faire aurait un rapport avec l’humain et le sport. En septembre, je reprends mes études en STAPS activité physique adaptée. C’est un gros challenge, et parfois j’ai un peu peur. Mais il ne faut jamais avoir peur d’être soi-même, car il n’y a rien de pire que de rester à un endroit qui ne nous convient pas.
WWR : Raconte moi ton meilleur souvenir d’une course
Je crois que c’est le Celtman. Alors que je luttais avec le chronomètre pour passer les barrières horaires, je me vois arriver à la dernière barrière horaire. J’avais eu si froid pendant la natation, le vélo aussi. Arrivée à la course à pied, dans les montagnes écossaises, le vent s’était levé mais j’étais si heureuse. En franchissant la dernière barrière, je savais que j’irais jusqu’à la finish line. J’ai passé quelques heures dans la montagne, avec Valentin, rencontré la veille. Nous avons refait le monde, rigolé et scellé une amitié sincère. Ce n’était pas grand-chose mais ça m’a fait du bien humainement. J’étais heureuse de partager ce moment avec lui, ma famille et sa famille. C’est pour cela aussi que je cours, pour les belles rencontres et les beaux « hasards de la vie ». En fait, je crois que rien n’arrive par hasard. J’étais simplement heureuse pour moi et fière d’être allée au bout de cette course. Je me suis rappelé qu’il fallait que j’écoute mon instinct, que j’étais mon propre guide dans la vie, que j’avais le droit de me tromper aussi, mais que rien n’était grave aussi. Je me suis rappelée pendant cette course, que j’étais en vie, que j’étais heureuse. C’était incroyablement fort !
WWR : Peux tu me parler de ton pari fou de courir un double ironman ?
Au Celtman en Ecosse (ironman extrême), je rencontre Jérôme qui habite Marans (à 30km de chez moi !). Nous sympathisons, il m’explique qu’il a 30% de capacités respiratoires en moins (et il court quand même le Celtman !!!). Il me raconte qu’il court aussi pour Vaincre la mucoviscidose qui touche les poumons (entre autres) car il a rencontré Daniel qui se bat pour son petit-fils. L’histoire me touche mais cela en reste là, je me dis qu’un double ironman, c’est de la folie.
Finalement, il m’invite à une soirée lors de laquelle il diffuse son film d’après Celtman. Je rencontre les membres de l’association et je sens un appel intérieur, qu’il faut que je fasse cette course : pour le petit fils de Daniel, pour Daniel, et toutes les personnes atteintes de cette maladie. Après tout, je suis en bonne santé. Je vais faire pour eux ce que je sais faire de mieux : courir !
Depuis, j’ai fait de belles rencontres et je me dis que ce projet a vraiment du sens… Cette journée sera mémorable. Je m’entraîne dur pour y arriver. Je ferais de mon mieux mais c’est une épreuve hors norme alors j’espère qu’il y aura beaucoup de soutien, des gens pour courir avec nous (le parcours est ouvert aux gens qui veulent nous accompagner sur une ou plusieurs boucles).
WWR : Qu’est ce que tu voudrais partager avec des femmes (ou non) au sujet de la course a pied, du sport, de ta passion ?
J’aimerais leur dire qu’elles ont le droit d’avoir des rêves, et surtout d’essayer de les accomplir. Que personne ne peut leur dire ce qui est trop dur pour elles ou pas. Si elles veulent faire un km, un semi-marathon, un marathon peu importe la distance. Il faut qu’elle fasse le premier pas vers leur rêve, qu’elles prennent confiance en elle. Le premier pas est le plus difficile, une fois que l’on est lancée, plus rien ne peut nous arrêter : nous sommes ce que nous devons être.
J’aimerais aussi leur dire que le plus beau cadeau que l’on puisse se faire, c’est se soutenir mutuellement. La compétition c’est bien, et chacun donne le meilleur de soi, mais une fois la course terminée, nous gagnerons plus à nous féliciter les unes les autres, à nous entraider.
J’ai envie de leur souhaiter de belles courses, de beaux rêves, de la confiance et beaucoup de partage !
Merci à toi Marion pour avoir partagé ton experience avec moi, si vous voulez la suivre allez sur sa page Facebook Triathlon For Fun et soutenez la le 24 Juin pour son double-ironman !
Si vous aussi vous connaissez des Runneuzes ou si vous en êtes une et que vous souhaitez partager votre histoire, vous pouvez me contacter par mail à worldwildrunneuze@gmail.com