WWR : Peux tu te présenter en quelques minutes et nous parler de ton passé de sportive ?
En quelques mots, c’est toujours difficile, mais voilà : Linda, 36 ans, passionnée par l’exploration : de soi, des autres et de ce qu’il reste d’authentique dans notre monde ! Cela fait 6 ans que je me consacre à des expéditions en solitaire dans des régions isolées du monde : en Sibérie, en Alaska et en Himalaya notamment.
Concernant le sport, disons que c’est une relation qui dure depuis mon enfance : cross-country à 11 ans, gymnastique de 12 à 14 ans, basket-ball et vélo de 15 à 17 ans, puis course à pied de 20 ans jusqu’à aujourd’hui !
WWR : Quand as tu débuté la course a pied ? Et pourquoi ?
J’ai réellement débuté la course à pied à 20 ans, lorsque j’ai intégré l’Ecole des officiers de l’Armée de l’Air à Salon de Provence. J’ai été repérée lors d’une sélection pour l’équipe de volley-ball de l’école. Le moniteur d’athlétisme – qui faisait passer les tests de vitesse et de sauts en hauteur – est venu me voir : « Toi, tu devrais faire de l’athlétisme ! » Une semaine après, je faisais partie de l’équipe de cross-country de l’école. Je dois avouer que cela correspondait davantage à mon caractère, avec cette recherche perpétuelle de dépassement et de plénitude, que je ne parviens pas à retrouver dans les sports collectifs.
WWR : Est ce que tu pratiques d’autres sports que la course à pied ?
En parallèle de la course pied, je pratique beaucoup le vélo.
WWR : A quel point la course à pied fait-elle partie de ta vie ?
Aujourd’hui – et ce, depuis 9 ans – je dirais que la course à pied fait partie intégrante de ma vie quotidienne.
WWR : Comment la course à pied a-t-elle changé ta vie ?
Je me suis rendue compte à quel point la course à pied était importante dans ma vie… lorsque j’ai arrêté de courir pendant presque deux ans, à cause d’un métier trop prenant. Disons qu’à cette époque, je travaillais comme une acharnée et je m’étais oubliée dans un quotidien insatisfaisant. Lancée dans une carrière effrénée, engagée dans un mariage qui me convenait pas, je creusais chaque jour davantage le malaise d’une vie qui ne me convenait pas. J’avais 28 ans. C’est alors que mon père est mort et j’ai décidé de reprendre ma vie en main. Je me suis remise à courir. C’est en renouant avec le mouvement, avec mon corps, que les choses se sont peu à peu éclaircies dans mon esprit, et que les décisions que je devais prendre se sont esquissées. J’ai décidé de réaliser mes rêves d’aventures, de vivre l’impossible, vivre l’inconnu. C’est ce que j’ai fait à mes 30 ans. De ce point de vue là, je peux dire que la course à pied me fut salvatrice.
WWR : Pour quelles raisons cours tu toujours aujourd’hui ?
Au-delà d’un entraînement en perspective d’un projet ou d’une compétition, la course à pied est un véritable mode de vie, qui me permet de me connecter avec mon corps, avec la nature, et de me sentir en harmonie avec moi-même.
WWR : Est ce que tu exerces un metier dans le sport/la course à pied ou c’est juste ta passion ?
Oui, dans la mesure où je mène des projets d’aventure à pied, à vélo, ou au courant, et que j’en ai désormais fait mon métier !
WWR : Raconte moi ton meilleur souvenir d’une course
Mon meilleur souvenir de course, c’était au Kirghizistan. Avec mon compagnon (qui est également grand adepte de la course à pied), nous avions décidé de traverser ce pays en courant et à vélo à l’été 2014. Nous sommes arrivés en courant sur les bords du lac Song-Kul, qui se situe à plus de 3000 m altitude. Nous venions d’essuyer un violent orage lorsque tout d’un coup, les nuages se sont dissipés, le ciel s’est éclairci, et le soleil couchant est venu illuminer les montagnes et les steppes autour du lac. Devant la beauté du paysage et la force de l’instant, nous avons été saisis par une énergie folle qui a instantanément effacé nos douleurs et notre fatigue. C’était magique.
WWR : Peux tu me parler de ton pari de ton tour de France en courant au nom de l’audace ?
En décembre 2016, une idée folle me traverse l’esprit : laisser les voyages de côté pour me consacrer à la transmission, sillonner la France en courant, et créer un élan autour de l’Audace, livre et conférences à l’appui. Je plonge dans l’écriture et la préparation du projet, et voilà qu’à peine 4 mois plus tard, le tour de France de l’Audace est né. Une idée centrale à ce projet : mettre en avant l’audace, dans une société où l’on parle plus de peur que de courage !
Je suis donc partie le 12 mai 2017 de l’Abbaye de Fontevraud. Mon objectif initial était de courir une moyenne de 40 kilomètres par jour, pendant 2 mois, avec une fréquence de 5 jours par semaine, les 2 jours restants étant consacrés aux rencontres et aux conférences. Soit une distance totale de 2000 kilomètres sur 2 mois. Arrivée prevue le 11 juillet à Paris. Finalement, en raison d’une blessure en cours de projet (contracture) puis de ma volonté de courir sur les sentiers de randonnées lorsque j’ai traversé les Cévennes, l’Ardèche et le Jura (près de 10 000 mètres de D+ au total), j’ai couru entre 30 et 45 kilomètres par jour pour un total de 1500 kilomètres pendant les 2 mois. Lorsque je me suis blessée, j’ai basculé à vélo pour traverser les Pyrénées.
Mais ce qui compte avant tout, ce sont tous les coureurs qui m’ont rejoint sur le parcours, pour promouvoir l’audace à mes côtés. Au total, plus de 50 coureurs m’ont accompagnée sur des distances plus ou moins longues pendant le parcours ! Cela me remplit de joie car cela prouve que l’audace est porteuse de sens, et surtout, que nous sommes porteurs de ce sens !
WWR : Qu’est ce que tu voudrais partager avec des femmes (ou non) au sujet de la course a pied, du sport, de ta passion ?
J’aimerais simplement dire que les seules limites qui existent sont celles que nous nous fixons. Par conséquent, courons vers l’impossible ! Nous y atteindrons nos rêves.
Merci à toi pour avoir partagé ton experience avec moi, si vous voulez la suivre allez sur sa page Facebook
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