La Runneuze du mois d’Aout ! – Parul – La “Running Soul” venue d’Inde

août 1st, 2017

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WWR : Peux tu te présenter en quelques minutes et nous parler de ton passé de sportive ?

Je suis Parul Sheth, Maman à temps plein, runneuze à temps plein, architecte à temps plein, bloggeuse et aussi… écrivain. Depuis 13 ans, j’ai élevé mes deux enfants seule. J’ai couru 6 marathons, 18 semi-marathons et quelques autres courses. Et j’ai couru le marathon de Boston en 2017 !

Quand j’ai débuté, je m’entrainais seulement quelques mois avant le semi-marathon de Mumbai. En 2009, j’ai rejoint Savio D’souza (mon coach) et c’est à ce moment que j’ai commencé à m’entraîner sérieusement. Et les amis que je me suis faits sont devenus ma famille. Il y a une vraie camaraderie quand on court un marathon car nous partageons tellement de choses : les chansons que nous écoutons, les discussions que nous avons, la souffrance que nous expérimentons. Tout cela créé un vrai lien. Nous avons tous une raison pour laquelle nous aimons courir, une raison, atemporelle et tellement vraie, pour laquelle nous nous entrainons si intensément, pour laquelle nous cherchons la meilleure voie à prendre, pour laquelle nous nous défions et inspirons mutuellement, pour laquelle nous nous poussons dans les côtes et nous entrainons sur de la longue distance.
Nous nous entrainons ensemble et cela a beaucoup plus d’impact que nous le croyons. Nous avons tous un respect mutuel les uns pour les autres. Tous, nous souffrons ensemble et le comprenons. Personne ne questionne les autres sur leurs raisons (pour lesquelles chacun se surpasse via ce sport). Nous acceptons que chacun ait sa propre raison. Le running nous a permis de nous trouver et de mieux nous comprendre.
Ils m’ont appris à dépasser mes propres limites que ce soit sur l’amelioration de mon propre  temps, ou sur du travail de distance. Grâce à eux, j’ai pu sortir de ma zone de confort bien que je sois prise par ma routine. Nous courons 5 fois par semaine, avec 3 entraînements intensifs et 2 facile/en récupération. Chaque course à son propre intérêt.

 

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WWR : Quand as tu débuté la course a pied ? Et pourquoi ?

J’ai toujours fait du sport depuis mon plus jeune age, mais la course à pied n’était pas mon fort !
A l’école, je faisais du basketball puis je me suis mise à l’aérobic. Ensuite, j’ai passé quelques années en salle de sport jusqu’à ce que je cours le marathon de Mumbai en 2004.
J’ai commencé à courir  début janvier 2004. C’était un moment très difficile, je venais de perdre mon mari en Septembre 2003. C’était pour moi une sorte d’exutoire, puis c’est devenu la raison principale. Je courrais pour faire face à la perte de mon mari. Le running était, au debut, thérapeutique. Le battement de mes pieds sur la route m’aidait à faire le vide ma tête. Avec le temps et la pratique, j’ai pu mieux gérer mon deuil et revenir un peu “à la réalité”. Je sens que le running m’a fait énormément grandir autant en tant que personne qu’en tant que coureuse. Depuis 10 ans, je n’ai pas seulement appris à me tenir sur mes deux pieds mais aussi à courir et à voler. Qui a besoin de voler quand on a ses deux pieds ?

 

WWR : Est ce que tu pratiques d’autres sports que la course à pied ?

Je nage un peu pour varier les entraînements et je vais en salle pour me renforcer musculairement. La course à pied en elle même prend beaucoup de temps, du coup cela ne me laisse pas trop de temps pour pratiquer un autre sport. Mais je fais du piano pour me détendre.

 

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WWR : A quel point la course à pied fait-elle partie de ta vie ?

La course à pied me donne du temps pour penser, elle me fait avancer en tant que personne. En vivant dans un pays avec un climat tropical, le meilleur moment pour m’entrainer reste le matin. Je cours dès 5:15, pas plus tard que 5:30), selon la distance que je veux courir, je suis de retour avant que ma fille ne parte pour l’école à 7:15. Toutes mes activités personnelles et professionnelles commencent ensuite ! Si la volonté est là, tout devient possible. Aujourd’hui, je sais gérer ma vie, mon entrainement, mes enfants et ma maison.

 

WWR : Comment la course à pied a-t-elle changé ta vie ?

La course à pied est ce qui a mis ma vie “sur les rails” après que tout ait été chamboulé. Comme je le disais avant, devenir un meilleure coureuse m’a fait grandir en tant que personne. C’est comme cela que j’ai pu reconstruire ma vie brisée, pièce après pièce. J’ai appris à changer la souffrance mentale en souffrance physique. La repetition de l’effort et du mouvement de mes pieds m’ont aidé à démêler toutes mes pensées dans mon esprit embrouillé. Plus j’allais courir et m’améliorais, plus je sentais que je pouvais lâcher prise. Le processus a été très dur mais aussi bénéfique.

WWR : Pour quelles raisons cours tu toujours aujourd’hui ?

La course à pied m’a permis d’écrire : plus je courais, plus mes pensées étaient claires et plus j’écrivais, plus la course désembrumait mon esprit. Et très souvent, mon écriture faisait naturellement des parallèles entre la vie et la course à pied. J’ai commencé à écrire en 2008 sur un blog “Life’s Little Lessons” au sujet de reflexions de vie et ses petites excentricités. Puis en 2009, quand je me suis entraînée avec mon coach Savio D’souza pour le marathon de Mumbai, j’ai créé un autre blog “My Running Diary”. Après 4 ans de blogging sur Blogger, Tumblr, WordPress, j’ai créé http://therunningsoul.com/. Et un livre qui s’appelle : “ The Running Soul: My Journey from Darkness to Light”.

 

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WWR : Est ce que tu exerces un metier dans le sport/la course à pied ou c’est juste ta passion ?

Dans la “vraie vie” je suis architecte, je design des restaurants MAIS… la course à pied c’est ma vie. Elle alimente mes pensées, mes écrits et fais partie de moi. Mon travail me permet de survivre, la course à pied est ma passion, ma raison de vivre !
J’ai toujours adoré l’anglais et toujours rêvé de l’étudier (bien entendu la vie en a décidé autrement). Je suis une très grande lectrice, qui l’aurait cru qu’un jour je deviendrais à mon tour écrivain ! J’avais l’habitude d’écrire quelques récits au sujet de la vie et de la course à pied. Alors quand j’ai commencé à m’entrainement pour le marathon de Mumbai en 2011, je suis devenue une blogueuse plus régulière sur mon site qui a vu le jour à cette époque. Plus je courais, plus j’étais inspirée. La course à pied a littéralement nourri mon écriture ! Comme mes articles devenaient de plus en plus réguliers et que j’interagissais avec mes lecteurs, j’ai réalisé que nous avions les mêmes peurs. Nous avons tous besoin d’entendre des mots qui nous motivent et qui nous poussent à donner le meilleur de nous même ! C’est ma façon de toucher les nouveaux coureurs, de les motiver à être ambitieux, de partager l’experience de coureurs expérimentés pour qu’ils viennent à bout de l’entraînement éreintant d’un marathon.

 

653003_252696077_XLargeWWR : Raconte moi ton meilleur souvenir d’une course

Nous avons tous en tête des limites que nous fixons, ces limites nous devons les surpasser… et c’est ce qui s’est passé pour le Marathon de Mumbai, il y a deux ans, j’ai gagné 24 minutes sur mon meilleur temps.
Pendant cette course, à de nombreuses reprises, j’ai voulu abandonner. J’entendais cette petite voix… assise sur mon épaule… qui me chuchotais à l’oreille, me disait de choisir la facilité et de marcher… jusqu’à ce que je me rappelle une citation de Murakami : “Je ne suis pas venu ici pour marcher” – Je devais courir.
J’ai donc ignoré cette petite voix, en repensant à toutes les bonnes choses que toutes les personnes de mon entourage m’avaient envoyées par messages, e-mails et tous les appels que j’avais reçu. Je devais continuer, un pied devant l’autre… Cela devenait de plus en plus encourageant quand je doublais des personnes… et de temps en temps je regardais le numero de dossard de la personne que je dépassais, afin de voir si nous étions dans la même catégorie. Tout ce dont je rêvais c’était de réaliser un meilleur temps que l’année précédente, arriver complement vidée. J’ai tout donné, j’ai puisé au fond de moi-même.
C’était la meilleure course que je n’ai jamais faite. Ce n’était pas uniquement au niveau de l’allure, c’était tellement secondaire. Cette course m’a apprise à chercher la motivation que j’avais au plus profond et comprendre ce qu’était un réel succès. J’ai compris qu’il fallait donner le meilleur de soi à chaque course mais aussi chaque jour. J’ai même battu mes deux amis avec lesquels je m’étais entraînée l’année entière, et qui l’année précédente avaient été meilleurs que moi.
J’ai compris que j’avais donné 100% de moi dans cet effort. Lors de la saison d’entrainement, j’ai appris ce que signifiait avoir un objectif, travailler pour ce dernier et l’atteindre. Une belle réussite ! Cette course reste la meilleure que j’ai faite jusqu’à present.

 

parul sheth2WWR : Qu’est ce que tu voudrais partager avec des femmes (ou non) au sujet de la course a pied, du sport, de ta passion ?

La course à pied est ma passion et j’adore la sensation que cela me procure aussi bien lorsque je cours qu’à la fin d’une course. Je suis en paix et calme pendant mes sorties et j’approuve un fort sentiment d’accomplissement à l’arrivée. Bien entendu, la forme physique est aussi importante pour le mental que pour le physique.
Autre chose, un marathon est une manière pour une personne lambda d’accomplir quelque chose qu’elle n’avait jamais cru possible, de passer d’un(e) non-coureur/euse à marathonien(ne). L’entrainement nous apprend sur la vie. Les règles de course à pied s’appliquent à la vie et inversement les règles de vie s’appliquent à la course à pied.
La course à pied m’a donné la force d’être la femme que je suis aujourd’hui. Cela a forgé mes croyances et fait de moi un exemple pour mes enfants. Ils sauront ce que c’est de faire face à l’adversité et d’en sortir gagnant.
Je pense que les petits objectifs sont des tremplins vers d’autres bien plus grands. L’atteinte d’un est le début d’un nouvel autre. Les nouveaux horizons n’attendent que les personnes qui sont prêtes à aller les découvrir.
La course à pied m’a aidé à équilibrer ma vie : le travail, la famille et aussi prendre le temps pour ma passion, vivre à 100%. Nous devons trouver notre passion et la suivre pour prendre le meilleur de ce que la vie a à nous offrir. Nous ne pouvons pas tous rêver d’être champion olympique mais nous pouvons rêver de finir un marathon un jour. Les rêves devient réalité si nous avons le courage de les suivre et de ne pas les lâcher.

Merci à toi Parul pour avoir partagé ton experience avec moi, si vous voulez la suivre allez sur sa page Facebook The Running Soul.

Si vous aussi vous connaissez des Runneuzes ou si vous en êtes une et que vous souhaitez partager votre histoire, vous pouvez me contacter par mail à worldwildrunneuze@gmail.com

 

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